reflecties op literatuur, kunst, gevoel, architectuur, samenleving

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Bref compte rendu du premier Salon Nieuw-Zuid

Jeudi 23 octobre 2025

1. Le poème et la mer


Ainsi commença notre premier Salon Nieuw-Zuid — par un chant.
Je lus ma propre traduction du poème de Wallace Stevens, The Idea of Order at Key West,
ce poème où une femme marche au bord de la mer et lui prête sa voix.

La mer n’a pas de parole, mais son silence appelle une bouche.
Sous le souffle de la femme, les vagues se font langage,
et l’informe devient rythme.
Ainsi la voix humaine impose à l’abîme une mesure,
et dans cette mesure, une promesse : celle d’un monde ordonné par le chant.

J’avais transposé cette idée d’ordre à notre propre horizon,
à ce quartier de verre et de vent qu’est Nieuw-Zuid,
où la lumière, parfois, ressemble à une pensée qui cherche sa phrase.

Nous avons lu.
Nous avons écouté.
Et dans le lent reflux des mots, chacun sentit naître une sorte d’accord —
non pas un consensus, mais un murmure commun,
comme si le silence lui-même respirait à travers nous.

Les questions préparées furent autant de balises sur la mer du discours.
Elles dessinaient la forme du soir,
mais la parole, libre, dériva comme un voilier au gré du vent :
intime, philosophique, tour à tour grave et rieuse.
Et tout, mystérieusement, trouva sa place.





2. L’imagination crée-t-elle de l’ordre dans le chaos ?


« L’imagination, disions-nous, crée-t-elle de l’ordre dans le chaos ?
Et cet ordre — est-il délivrance, ou prison dorée ? »

Ainsi s’ouvrit notre premier débat.
L’imagination, c’est la main qui façonne l’invisible,
le souffle qui, dans la confusion du monde, cherche une forme habitable.

J’évoquai mon oncle, qui vit près du ring d’Anvers.
Un jour, je lui demandai : « Ce vacarme incessant ne t’épuise pas ? »
Il répondit simplement :
« Non, je l’écoute comme la mer. »

Et soudain, tout devint clair.
Le tumulte n’était plus un ennemi, mais un océan.
Ainsi le monde se transforme par le regard :
ce que nous croyons subir, nous le recréons en l’écoutant autrement.
À la mer d’Espagne, ce bruit que nous appelons vacarme devient caresse.
La même onde, selon l’âme, se fait tempête ou berceuse.

L’imagination, alors, n’est plus une fuite — elle est pouvoir.
Elle refait le monde à l’image de notre désir d’ordre.
Mais cet ordre n’est jamais neutre : il borne, il capture.
Ce que nous nommons, nous l’enfermons.
Ce que nous fixons, nous le perdons.

Créer, c’est à la fois libérer et retenir.
Toute harmonie porte en elle une ombre :
celle du silence qu’elle a dompté.





3. L’art et la réalité

La deuxième question vint comme une lueur :

Un tableau qui saisit la lumière autrement rend le monde lui-même plus lumineux.

J’évoquai un souvenir.
Un collègue m’avait conduit devant une œuvre étrange — un enchevêtrement de cuivre sur un mur.
« Qu’y vois-tu ? » me demanda-t-il.
Je répondis : « Peut-être un reste d’armature. »
Il sourit, alluma la lampe, et sur le mur,
comme une apparition d’or et d’ombre, se dessina le mot Ars Aequi — l’art de l’équité.

Ce fut un instant suspendu.
La lumière devint révélation.
Elle fit surgir du banal le signe caché,
comme si le réel, pour se dire, avait besoin d’un éclair.

L’art ne change pas la chose vue : il transfigure le regard.
Il rappelle que la beauté n’est pas dans l’objet,
mais dans la brûlure de celui qui le contemple.

De cette révélation naquit une question :
notre besoin d’ordre est-il une soif de sens ou une volonté de puissance ?
Dans cette tension s’inscrit aussi le droit —
cet art secret d’équilibrer le chaos humain sans l’étouffer.

Nous avons laissé cette idée flotter dans la pièce,
comme un parfum qu’on ne veut pas dissiper.
Le débat resta ouvert, respirant,
avec l’art pour ancre et pour souffle.





4. La voix de Nieuw-Zuid

« L’architecture est-elle une forme de grammaire ? »
La question s’éleva comme un écho.
Si une ville parle, disions-nous, alors ses murs sont les mots,
ses volumes, la syntaxe,
et la lumière, la respiration entre les phrases.

Je racontai comment, depuis ma loggia du Palazzo Verdi,
je vois d’autres balcons s’ouvrir comme des visages :
les lignes se croisent, les regards se frôlent,
et de ces angles naît une proximité latérale,
une grammaire du voisinage.
Les voix se répondent,
comme des parenthèses qui s’ouvrent l’une dans l’autre.

Ailleurs, dans la tour verticale,
les étages s’empilent sans se voir ;
et l’air y semble plus lourd, plus solitaire.
Pourtant, un autre immeuble tout aussi haut respire la paix.
Alors ?
L’architecture seule ne dicte pas le lien ;
mais elle lui prête ses consonnes,
ses fenêtres comme des virgules ouvertes.

Le Salon se tenait dans la grande salle commune de Schelde 21 :
là, l’espace lui-même invitait au dialogue.
Nous avons compris que la pierre aussi parle,
et qu’elle écrit nos jours
comme des phrases que nous habitons.



5. La communauté comme clan

Le mot clan surgit,
et soudain il prit feu,
comme un tison ancien rallumé.

Dans notre temps, il sent parfois la fermeture ou la défiance ;
mais jadis, en Écosse, il signifiait chaleur, loyauté,
la main sur l’épaule de l’autre.

Ainsi la conversation glissa vers ce sentiment d’appartenance.
Nous avons parlé des groupes, des messages,
des liens invisibles tissés entre voisins —
des réseaux comme des fils de lumière.

Nous ne formons pas un village, ni une tribu,
mais une constellation mouvante :
celle des êtres qui aiment vivre ici,
dans cette parcelle de ciel au bord du fleuve.

C’est peut-être cela, aujourd’hui, une clan :
non pas l’exclusion,
mais la fidélité à une place choisie,
le désir de reconnaître dans l’autre
une part de notre propre demeure.



6. Le silence comme ordre

« Le silence est la blancheur de la page où le sens peut apparaître. »

Nous avons laissé cette phrase retomber,
et chacun y entra comme dans un sanctuaire.

Certains disaient qu’ils ont besoin de se taire avant de parler —
que le silence est le lieu où mûrissent les mots.
D’autres avouaient qu’il leur pèse,
comme une attente trop longue ;
et pourtant, c’est souvent là que naît le neuf.

Nous avons perçu qu’il existe des rythmes différents,
des souffles à respecter.
Le silence n’est pas absence :
il est écoute.

Dans l’art, il est sacré :
un tremblement avant la lumière.
Dans le droit, il se fait bouclier :
on se tait pour se défendre.

Deux visages d’une même énigme.
Dans l’art, le silence ouvre ;
dans le droit, il ferme.
Et dans la vie partagée,
c’est lui qui, parfois, dit le dernier mot.



7. Le langage, la poésie et le droit

« La poésie ouvre le sens ; le droit le referme, provisoirement. »

Nous avons souri à cette idée,
comme à un paradoxe familier.

Que se passerait-il si le droit parlait plus poétiquement ?
S’il laissait la chair de l’humain transparaître entre ses lignes ?
Certains dirent : il perdrait sa rigueur.
D’autres : il y gagnerait en justice.

Mais peut-être que les deux sont vrais :
le droit et la poésie cherchent la même chose —
l’équilibre entre la clarté et le mystère.

La poésie ouvre les possibles,
le droit les ordonne pour un temps.
Entre les deux, nous parlons,
humains suspendus entre le rêve et la règle,
dans cette fragile zone où la parole hésite,
et où commence le sens.




8. Les faiseurs du monde

À partir du vers de Stevens —
« She was the single artificer of the world in which she sang » —
nous avons posé cette question :

Sommes-nous les co-créateurs du monde où nous vivons,
ou seulement ses auditeurs ?

Alors s’ouvrit une conversation tissée de langues et d’accents.
Nous avons parlé des idiomes de nos voisins,
des mots venus d’ailleurs,
de ces souffles étrangers qui habitent nos rues.

Nieuw-Zuid, disions-nous, est une polyphonie.
Chaque voix y porte un fragment du monde.
Les intonations s’y croisent comme des oiseaux au-dessus du fleuve :
différentes, parfois discordantes,
mais toutes nécessaires à la musique commune.

Et chacun, à cet instant, s’est senti un peu poète.
Non celui qui invente, mais celui qui écoute et tisse.
Nous avons vu le quartier comme un poème en devenir,
une œuvre collective écrite à plusieurs mains,
où chaque existence ajoute un vers,
un geste, une lumière au soir qui tombe.



9. Architecture, espace et harmonie

Nous sommes revenus à la pierre, au ciel, à la respiration des façades.
À Nieuw-Zuid, disions-nous, la géométrie dialogue avec la lumière.
Les terrasses s’ouvrent comme des paupières,
les loggias retiennent le souffle du vent.
C’est une ville d’air et de verdure,
une cité de porosité et de silence partagé.

Et pourtant, tant de toits restent vides.
Les jardins suspendus dorment sous la poussière des jours.
Pourquoi ? Le temps, la pudeur, la fatigue ?
Ou peut-être la peur de trop de ciel ?

Nous avons parlé aussi des ombres :
de l’éclat trop fort des lampadaires,
des coins obscurs où le regard hésite.
Même dans la cité idéale, la lumière sait être blessante.

Mais le ton demeura paisible.
Une fierté discrète circulait :
celle de vivre ici, d’apprendre encore à habiter ensemble.
Car chaque quartier nouveau est un alphabet à déchiffrer,
et nous en apprenons lentement la grammaire.



10. Réflexion finale

Nous avons clos la soirée sur ces mots de Stevens :
« In ghostlier demarcations, keener sounds. »

Une ligne comme une lame de silence.
Elle dit que la clarté naît du flou,
que la précision jaillit du murmure.

Ainsi avons-nous ressenti la fin du salon :
non pas une conclusion,
mais une résonance prolongée.

Personne ne s’était senti menacé.
Il y avait eu chaleur, curiosité,
et cette joie tranquille d’être ensemble dans la parole.

Nous avons quitté la salle en sachant qu’ordonner n’est pas faire taire,
mais accorder :
laisser résonner les différences sans qu’elles se brisent.

C’était l’esprit du soir —
l’écho de la mer de Stevens
dans les voix et les silences de Nieuw-Zuid.



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